FRANÇOIS PUYALTO
En résumé :
Bassiste volubile et inspiré, on a longtemps connu François Puyalto comme accompagnateur (Bertrand Belin, Néry, Emily Loizeau, Nesles, Gatica...)
Depuis quelques années, un EP et bientôt deux albums à son actif, il s'affirme également comme un auteur singulier et captivant. Qu'il nous livre ses chansons en solo, en duo ou en trio, on est embarqué dans un univers fantasque, libre et très musical.
Soutenu par le Festi'Val de Marne, il a été finaliste du Prix Moustaki en 2016.
En plus long :
" François Puyalto poursuit sa trajectoire à ciel ouvert. Riche, fourmillante depuis une quinzaine d'années, en zigzags, audacieuse, multiple. Il joue à saute-mouton entre le personnel et le collectif, combinaison parfaite à son équilibre, idéale pour ne pas courir tous les jours le marathon autour de son nombril. A l'avant, à l'arrière, au milieu. Il quadrille si bien le terrain qu'on a fini par arrêter de comptabiliser les postes jusqu'ici occupés. En vrac, liste non exhaustive : équipier de Néry, Travis Bürki, Bertrand Belin sur son premier album, co-fondateur du groupe à l'éclectisme world-jazz Taranta-Babu!, puis du duo instrumental La Peau.
Encore actuellement : Jeanne Rochette, la formation d'électriklezmer Horse Raddish, Atu et Atoi (spectacle jeune public impulsé par le répertoire de Dick Annegarn),
Secrets Chords (hommage à Leonard Cohen, en compagnie de Lembe Lokk et Michel Schick), Figure(s) imposée(s) (révérence à Bashung, avec Dimoné et Askehoug),
Pas Deux Pareils avec Thibaud Defever (ex Presque Oui) ou les deux chanteurs/auteurs/instrumentistes mêlent leurs cordes et répertoires respectifs en toute intimité. Dans un futur proche, une collaboration discographique et scénique avec Sanseverino.
Et au cours d'un passé pas si lointain, on aura entendu la vibration profonde de sa basse aux cotés d'Emily Loizeau, chanteuse pour qui il était aussi co-arrangeur. C'est elle, d'ailleurs, la jolie fautive, celle qui lui a mis le pied à l'étrier afin que sa propre voix ose enfin l'échappée belle.
De François Puyalto, elle dit : « Musicien-rêveur à l'hystérie nonchalante, grand bonhomme aux bizarreries tordantes, bassiste génial, mélodiste-troubadour. Poétique, émouvant, drôle. Chaque chanson de ce garçon est un ovni jubilatoire et ciselé ».
Artiste en mouvement, missionné par une quête de l'intime et de l'hybride, le fringant quadra évolue à l'écart du peloton. De la musique d'auteur, comme on dit du cinéma d'auteur. Avec un point de vue, un parti pris esthétique, du grain, le souci du détail. Premiers battements d'ailes en 2015 sur l'EP La vérité- et une place de finaliste au prix Moustaki - avant l'envol définitif il y a deux ans avec Le nom des animaux, album produit par Le furieux, le label d'Antoine Sahler.
Déjà le sens de la formule (Si les animaux tapis risquent un œil,une patte/Pour voir qui passe), de la tension, des embardées free-jazz, des caresses, de la sensualité blues-rock, une complicité inépuisable avec Tarik Chaouach (Rhodes) et Rafaël Koerner (batterie).
François Puyalto continue alors sa grande boucle, traverse les villes, tourne en solo, duo ou trio. Et effectue parallèlement un nouveau pas de côté à travers un spectacle de reprises Chansons des uns et des autres. De ce contexte, il tire là une partie de l'essence de son futur album.
On y vient à ce 44, projet à égale distance entre morceaux originaux et revisites.
Disque enregistré en solitaire et traversé par la basse, son plus fidèle allié. Disque de songwriter rigoureux, à la musicalité autant vagabonde que sensorielle, avec en contrepoint ici et là des chœurs féminins (ou plus précisément, la voix de Katel démultipliée). Disque au cours duquel la langue et l'enveloppe sonore s'enlacent, sans faux ornements ou atmosphères embourgeoisées.
François Puyalto s'y offre fragile et sincère, creuse le sillon de l'épure. Le chant est à la fois profond et limpide, moelleux à la Lavilliers. Les climats, élégants, élégiaques, languides. «Les mots sont des animaux/Qui s'ébattent en troupeaux/Libres et sauvages/Faudrait que je les dresse un peu/Les mate, les encage/Ou qu'à force de caresses/Les apprivoise». Ces mots, qui sont peut-être des verrous de communication au quotidien (Pour dire), il les escalade ici pour jouer par-dessus les vers libres. Ses nouveaux morceaux rejoignent les rivages du combat féministe (Faiseuse d'ange), parlent d'histoire de migration et de quête d'amour (Cette ville), d'enfants qui grandissent trop vite (Petite), s'imprègnent de l'énergie irradiée par les éléments naturels de la Bretagne (Aller jouer dehors). Ils se parent d'une intensité sans urgence, d'un goût du silence entre les notes, parfois d'un petit sifflotement primesautier, et se confondent avec son désir-partage de titres totems.
Quand Puyalto chante Higelin (Sa dernière cigarette), il convoque des souvenirs d'enfance et la passion frénétique de ses deux grandes sœurs pour ce pionnier du rock français. Il y a aussi un clin d’œil à son frère de musique, Ivan Tirtiaux, qui lui a fait découvrir cette pépite d'Allain Leprest (Arrose les fleurs), la célébration d'un chef d’œuvre de Ferré (La mémoire et la mer), la basse qui se substitue à l'accordéon pour une beauté cachée de Brel (L'éclusier). Et lorsqu'il marche dans les pas de Barbara (Dis, quand reviendras-tu?), c'est lui qui commente : « J’avais envie qu’il y ait une chanson de femme, et une chanson de femme surtout pas masculinisée. Cela aurait pu être une chanson d’Emily Loizeau, de Brigitte Fontaine ou de Colette Magny, par exemple, mais le hasard en a décidé autrement. Il y a deux ans je suis parti en vacances avec un vieux cahier de chant trouvé en vide-grenier, et une guitare dans l’idée d’apprendre à jouer un peu de cet instrument
(au delà des 4 cordes de la basse, je suis paumé) et quelques classiques de la chanson du même coup. Je ne regrette pas ce choix car l’idée qu’il y ait une chanson plus franchement fédératrice dans l’album me plaît assez. Barbara m’émeut, me désarme avec cette voix si particulière et cette écriture d’une finesse dingue, et puis elle incarne à merveille cette image de l’amoureuse absolue, pas dupe et exigeante».
Ce disque s'habite un peu plus à chaque écoute, faisant de François Puyalto un compagnon de route précieux, un guide serein."
PATRICE DEMAILLY